|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|
Ce qui nous donne
De la force pour 2022
L’édito
Notre impact concret sur …
…Le droit d’être informé sur la procédure avant l’entretien d’asile
Le pouvoir de l’information est au cœur de l’engagement d’ELA : Fournir des informations claires, actualisées et précises est l’objectif premier de notre équipe.
Nous avons rencontré cet été une femme iranienne et son fils mineur, lors d’une permanence effectuée à proximité du camp de réfugiés de Diavata, en périphérie de Thessalonique. Cette rencontre, intervenue très en amont de leur procédure, a été l’occasion de faire le point sur leur situation. Nous avons pu leur expliquer que le statut de réfugié qu’avait obtenu peu avant en Grèce leur mari/père, allait impacter positivement leur demande et ce en vertu du principe de l’unité de la famille. En outre, se trouvant désormais tous sur le territoire grec, une demande de réunification familiale était nulle et non avenue.Rassurés et comprenant les enjeux juridiques liés à leur situation familiale, ils se sont présentés très bien préparés à leur entretien et en possession de toutes les pièces justificatives nécessaires. Ils ont à leur tour obtenu une décision positive.
En 2021, notre équipe a réalisé 58 entretiens d’orientation et 162 entretiens de préparation à l’entretien d’asile, à distance, en personne dans nos locaux et lors de permanences juridiques chez nos partenaires.
…Le droit d’être accompagné par un avocat lors de l’entretien d’asile
La loi grecque permet à tout demandeur d’asile de se présenter à son entretien avec un avocat ou un conseiller de son choix.
En novembre dernier, une ONG grecque référait à ELA un jeune demandeur d’asile francophone très vulnérable. Notre équipe a pris en charge son dossier et une avocate de l’association l’a accompagné à son entretien au bureau d’asile.
La présence d’un avocat lors de l’entretien de demande d’asile est un droit essentiel, pour le respect duquel se bat notre équipe. En effet, la présence du professionnel du droit permet d’instaurer un climat de respect et de professionnalisme qui bénéficie à tous et impacte tant le travail de l’interprète que celui de l’officier chargé de se prononcer sur la demande d’asile. En outre, sa connaissance du parcours d’exil et de vie du demandeur permet à l’avocat d’insister sur les éléments fondamentaux de la demande, dont la prise en compte est essentielle à son évaluation par les autorités de l’asile. Enfin, la présence de l’avocat contribue à créer un climat de confiance : l’avocat est un soutien moral important lors de cet entretien particulièrement éprouvant. Au delà de la pression psychologique, l’entretien est aussi très long : il peut durer jusqu’à 8h et s’étaler sur plusieurs jours.
Depuis la réouverture physique des bureaux d’asile en juin 2021, nos avocates ont assisté en personne à 8 entretiens d’asile de bénéficiaires de l’association particulièrement vulnérables.
vous avez le droit de demander l’assistance d’un avocat. »
…Le droit de faire appel d’une décision de rejet
Après une décision de rejet, la loi grecque accorde un délai d’un mois au demandeur pour former un recours.
Notre équipe est en lien depuis l’été 2020 avec un jeune togolais arrivé à Lesvos puis transféré dans le camp très méconnu et isolé de Kleidi, dans le nord de la Grèce. Ce demandeur d’asile est revenu vers nous au mois d’octobre 2021, après avoir souffert d’une grave dépression et obtenu une décision de rejet en première instance. Notre équipe s’est mobilisée pour rédiger en urgence un mémoire en appel afin de contester cette décision de rejet, dans le délai très court imparti.
Peu après le dépôt du recours, notre bénéficiaire a pu récupérer sa carte de demandeur d’asile. Cette carte est un sésame indispensable : elle conditionne l’accès à tous les services (médicaux mais aussi administratifs, professionnels et associatifs). En l’occurrence, cette carte est d’autant plus précieuse que cette personne a de graves problèmes de santé et se trouve dans un camp très isolé. A ce jour, le comité d’appel situé à Athènes ne s’est pas encore prononcé sur le recours.
Depuis juin 2021, l’association a soutenu 22 dossiers en appel devant les Comités d’Appel ou la Cour Administrative d’Appel après qu’une décision de rejet ait été rendue.
Soutenir ELA |
En bref
ELA se rend pour la première fois au centre Kapnikos Stathmos* à Katerini
La mobilité et l’analyse des besoins juridiques des personnes vivant dans le nord de la Grèce sont essentiels à l’efficacité des activités de l’association. Après qu’un de nos partenaires nous ait relayé l’existence du centre associatif Kapnikos Stathmos, notre équipe est allé à leur rencontre à Katerini fin décembre. Ce centre hors du commun a été créé par des citoyens grecs en 2007. Son fonctionnement est basé sur l’échange de services. Le centre soutient les personnes vulnérables (grecques ou exilées) au niveau alimentaire et médical. Notre équipe s’est proposée d’y organiser des permanences juridiques en 2022, le soutien juridique étant pour l’heure inexistant à ce jour. A suivre !
*Traduction : « Station de tabac », le centre se trouvant dans une ancienne usine de tabac réhabilitée.
Un état des lieux de l’aide juridique en 10 questions
Quelques chiffres en avant première :
42% des personnes exilées interrogée n’ont pas eu accès à une assistance juridique au cours de leur demande d’asile. 49% d’entre elles ont bénéficié d’uniquement une seule consultation juridique.Dans 77% des cas, les personnes interrogées considèrent que l’accès à l’aide juridique est essentiel ou nécessaire dans le cadre de leur procédure d’asile. Elles sont également 75% à dire qu’il est très difficile ou difficile de trouver cette assistance.
Décembre et notre campagne de dons #GivingTuesday
Un peu de quotidien d’ELA…
L’édito
L’histoire d’Amir…
A Lesbos, Amir demande l’asile et est enregistré en tant que majeur. Il tente de corriger cette erreur, sans succès. En avril 2019, il parvient à ré-enregistrer sa demande, cette fois-ci avec les informations correctes. Il est enfin placé dans un logement près de Thessalonique, avec d’autres enfants.
Amir contacte ELA en septembre 2020. Il n’a reçu aucune information sur la procédure d’asile et il est anxieux. Son entretien de demande d’asile est fixé à janvier 2021. Amir, orphelin de père, explique qu’il s’est enfui à la demande insistante de sa mère, après avoir été « repéré » puis menacé par des hommes en armes afin de le soumettre à la pratique du « Bacha Bazi » ou « garçon-jouet ». Il s’agit d’une forme d’esclavage sexuel répandue en Afghanistan et qui consiste pour des hommes influents à « acheter » de jeunes garçons et à en abuser de façon répétée. Cette forme de pédophilie est bien documentée. Qui plus est, la province dont est originaire Amir est instable et les attaques des Talibans contre les civils sont très fréquentes.
En dépit de ces éléments, la demande d’asile d’Amir est rejetée. Notre équipe fait appel de cette décision en juin 2021. Nous soumettons un mémoire détaillant le « Bacha Bazi », la détérioration de la situation sécuritaire dans le Takhar et des pièces supplémentaires démontrant les efforts d’Amir pour s’intégrer en Grèce : il a appris l’anglais et le grec, il a suivi des cours du soir pour rattraper son retard au lycée et passer son baccalauréat. Amir a même fait l’impensable : il a trouvé du travail chez un courtier en assurance.
En juillet 2021, les Talibans prennent le contrôle de l’Afghanistan. En août, les scènes de panique à l’aéroport de Kaboul font le tour du monde et les brèves se succèdent dans la presse internationale.
Pourtant, fin août 2021, le comité d’appel rejette à nouveau la demande d’Amir : il peut être renvoyé en Afghanistan en toute sécurité, la situation y étant « sûre ». Pour justifier cette décision, le Comité se base sur des rapports datant de … 2019.
Immédiatement, les papiers d’Amir lui sont retirés. Il perd son logement et son travail. Il devrait être « renvoyé » mais l’ONU interdit toute déportation vers l’Afghanistan jusqu’à nouvel ordre. Amir est à nouveau sans ressource et sans abri. Il peut à tout moment être refoulé en Turquie ou placé en détention en tant que « migrant illégal ».
Nous décidons de faire de nouveau appel de ce second rejet en octobre 2021 Nous préparons une requête préliminaire afin qu’Amir récupère ses papiers et une requête en annulation de la décision de rejet de sa demande d’asile. A ce jour, Amir n’a toujours pas obtenu l’asile, la date de son audience n’est pas encore connue.
Cela fait 14 mois que l’association suit le sort d’Amir. 3 avocates ont travaillé sur son dossier. Elles sont intervenues avant son entretien, après son premier rejet et son second rejet. Le coût total de la procédure devant la Cour d’Appel est de 804€. Une somme absolument impossible à rassembler pour un jeune homme dans la situation d’Amir. Soutenir ELA, c’est permettre à Amir d’exercer ses droits élémentaires. Son dossier particulièrement choquant coche, à l’instar de tant d’autres, toutes les conditions d’octroi du droit d’asile. Encore faut-il lui en donner les moyens ; nous soutenir permet d’éviter que les grands principes des conventions internationales rebattus par nombre de politiques, lorsqu’ils y ont intérêt, ne restent pas lettre morte.
Photo © Régis DeFurnaux
En bref
Clinique au centre communautaire à Diavata
Depuis le mois d’Août, l’équipe d’ELA se rend toutes les deux semaines le mercredi après-midi dans le centre communautaire à coté du camp de Diavata. Accueillie par l’organisation Quick Response Team, ELA rencontre des bénéficiaires lors de rendez-vous individuels ayant lieu les uns à la suite des autres. Différents conseils juridiques sont donnés en fonction des besoins exprimés par les bénéficiaires.
Survey à Serres, Nea Kavala et à Kavala
Nous avons été accueillis dans le centre communautaire de Lifting hands international à Serres, celui de Northern Light Aid à Kavala et à l’Open Cultural Center pour Nea Kavala.



ELA au Paris Peace Forum
Nous avons suivi diverses conférences dont :
– Combler le fossé de la solidarité
– Repenser la démocratie et la participation citoyenne
Nous avons organisé un salon thématique sur le thème suivant : Accès à l’asile pendant Covid – impact sur les droits fondamentaux des réfugiés.
In-admissible…
Si un nouvel arrivant provient d’un « pays sûr », sa demande d’asile peut être rejetée au seul motif qu’il a transité ou séjourné dans un tel pays, sans que sa demande de protection ne soit examinée sur le fond.
La décision ministérielle grecque du 7 juin 2021 déclare que la Turquie satisfait à toutes les conditions pour l’examen des demandes de protection internationale des demandeurs originaires de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et de Somalie. Le ministère grec des Migrations affirme qu’il aurait été démontré que les ressortissants de ces 5 nationalités ne risquent pas d’être menacés par la Turquie en raison de leur race, de leur religion ou leur nationalité.
Cette réforme instaure une procédure préalable d’admissibilité pour les Afghans mais aussi les Syriens, les Somaliens, les Pakistanais et les Bangladais, qui ont transité par la Turquie. A l’issue de cette procédure, la Turquie étant désormais considérée comme un pays sûr pour ces 5 nationalités, les demandeurs pourront y être renvoyés d’office, sans avoir jamais pu expliquer les raisons de leur exil.
Cette réforme n’est pas neutre : les 5 nationalités concernées représentaient 65% des demandes d’asile déposées en Grèce en 2020. Ces nationalités bénéficient aussi de taux de reconnaissance assez élevés. Ainsi, avant l’adoption de la réforme, 73% des demandeurs d’asile afghans recevaient la protection internationale. Enfin, la très grande majorité de ces personnes a transité par la Turquie.
Ainsi, la généralisation de cette procédure d’admissibilité à ces 5 nationalités conduit à interdire l’accès à la procédure d’asile à la majorité des demandeurs.
Or, les conditions de vie en Turquie ne sont pas compatibles avec les standards minimaux décrits dans la convention de Genève, qui n’y est d’ailleurs pas appliquée. La liste des exactions commises contre les migrants et demandeurs d’asile en Turquie est longue et bien documentée : esclavagisme moderne, absence d’accès aux soins, à la procédure d’asile, racisme et discriminations, enlèvements et demande de rançons, violences sexuelles, etc. De nombreux rapports dénoncent également les refoulements vers les pays d’origine (y compris en zones de guerre) et pratiqués en masse en Turquie.
L’équipe d’ELA se mobilise depuis l’été pour informer et préparer les demandeurs d’asile visés par cette nouvelle procédure. L’activité de l’association a été très impactée par cette réforme qui touche la majorité de nos bénéficiaires : les renvois de dossiers par d’autres organisations juridiques en sous-effectif ont fortement augmenté et les préparations en urgence se succèdent depuis juin. A ce jour, les personnes accompagnées par l’association attendent toujours le résultat de leur entretien d’admissibilité, qui conditionne la suite de la procédure.
3 mois après son adoption, beaucoup de questions restent en suspens quant à l’application de cette réforme. L’association ELA dénonce cette réglementation et la généralisation du concept de pays tiers sûrs, un outil juridique grossier et trop rudimentaire, dont l’unique attrait est de consolider la politique d’externalisation de l’asile menée par l’Union Européenne.
En bref
Notre rapport d’activité intérimaire est disponible en français et en anglais
Beaucoup d’ONG et associations locales font l’objet de graves difficultés financières et la plupart des prestataires de services juridiques pro bono ont réduit leur intervention. Cette réduction des services juridiques pro bono, en marge d’une complexification de la procédure, est extrêmement préoccupante.
Il en résulte une augmentation des renvois de dossiers vers ELA et un changement dans la démographie des bénéficiaires habituels de l’association : davantage de personnes en situation de vulnérabilité, et ce y compris des familles.”
L’association ELA finaliste des Trophées Pro Bono
Un état des lieux de l’aide juridique en 10 questions
Les étudiants de Sciences po collaborent avec ELA


